Dis papa quand c'est qu'y passe Le marchand d'cailloux J'en voudrais dans mes godasses A la place des joujoux Avec mes copines en classe On comprend pas tout Pourquoi des gros dégueulasses Font du mal partout Pourquoi les enfants d'Belfast Et d'tous les ghettos Quand y balancent un caillasse On leur fait la peau J'croyais qu'David et Goliath Ca marchait encore Qu'les plus p'tits pouvaient s'débattre Sans être les plus morts Dis papa quand c'est qu'y passe Le marchand d'liberté L'en a oublié un max En f'sant sa tournée Pourquoi des mômes crèvent de faim Pendant qu'on étouffe D'vant nos télés comme des crétins Sous des tonnes de bouffe Dis papa quand c'est qu'y passe Le marchand d'tendresse S'il est sur l'troittoir d'en face Dis-y qu'y traverse J'peux lui en filer un peu Pour ceux qu'en ont b'soin J'en ai r'çu tell'ment mon vieux Qu'j'veux en donner tout plein J'veux partager mon Mac Do Avec ceux qui ont faim J'veux donner d'l'amour bien chaud A ceux qu'ont plus rien Est-c'que c'est ça être coco Ou être un vrai chrétien Moi j'me fous de tous ces mots J'veux être un vrai humain Dis papa tous ces discours Me font mal aux oreilles Même ceux qui sont pleins d'amour C'est kif-kif pareil Ca m'fait comme des trous dans la tête Ca m'pollue la vie et tout Ca fait qu'je vois sur ma planète Des intifada partout Dis papa quand c'est qu'y passe Le marchand d'cailloux J'en voudrais dans mes godasses A la place des joujoux Mais p'têt' que sur ta guitare J'en jett'rai aussi Si tu t'sers de moi trouillard Pour chanter tes conn'ries
Enervé par la colère Un beau soir après la guerre J'ai balancé ma télé Par la f'nêtre Comme j'suis un garçon primaire Je m'suis dit un militaire Avec un peu d'bol s'la mange En pleine tête Libérés enfin mes yeux Ont r'gardé l'scaphandrier D'l'aquarium Qui cherche un trésor planqué Sous les cailloux bariolés Pauv' bonhomme Enervé par France Intox Les F.M. et les juke-boxes J'ai balancé ma radio Par la f'nêtre En priant pour qu'elle tombe pas Sur la tronche du môme en bas Le p'tit joueur d'accordéon A casquette Libérés mes deux oreilles On écouté l'poisson rouge D'l'aquarium Qu'était content d'être tout seul Qui f'sait juste un peu la gueule Ou tout comme Enervé par un bon Dieu Que trouvais bien trop dang'reux J'ai balancé ma vieille bible Par la f'nêtre Comme j'suis un garçon normal Je m'suis dit un cardinal Avec un peu d'bol s'la mange En pleine tête Libérée enfin mon âme Est allée s'nicher au fond D'l'aquarium Dans une eau limpide et claire Loin des centrales nucléaires Loin des hommes Enervé par ces gauchos Dev'nus des patrons bien gros J'ai balancé mon journal Par la f'nêtre Comme j'suis un garçon réglo J'ai visé l'caniveau Sûr d'y trouver l'édac- Teur en chef Libérée enfin ma tête A rejoint l'scaphandrier D'l'aquarium Qui cherche un trésor planqué Sous les cailloux bariolés Pauv' bonhomme J'suis un peu l'scaphandrier D'l'aquarium sur la ch'minée J'suis un peu l'poisson rouge Et c'st chouette Je cherche un trésor planqué L'amour et la liberté Sous les cailloux bariolés D'la planète Libérée enfin ma terre Des curés des journaleux Des militaires De tous les preneurs de tête Qui provoquent sous ma f'nêtre Ma colère
Enchristé depuis six mois je t'écris Mon poteau De derrière les murs de derrière la vie Dis est-c'qu'y fait beau ? Est-c'que dehors y'a des oiseaux ? Ceux qu'je vois ici sont tatoués sur ma peau j'avais déjà purgé ma peine Avant même d'être ici toute ma vie Z'ont pas compris ça les teignes Qui m'ont puni Que la vie fut une chienne Avec moi comme avec ceux Qui ont dans les yeux Trop d'amour ou trop de haine Ou trop des deux Enchristé parc'qu'un beau jour sans remords J'ai taxé Un putain d'vélo même pas en or Pis deux trois conneries des trucs de pauvres Des trucs pas beaux Un autoradio une montre ou un stylo j'avais déjà purgé ma peine Avant même d'être ici toute ma vie On m'a jamais dit "Je t'aime" Eh ben tant pis Si la vie fut une chienne Avec moi comme avec ceux Qui ont dans les yeux La braise la cendre Le feu Tu ris tu pleures tu vis Pis tu meurs Trois p'tits tours et pis s'en vont les p'tits voleurs Barreau garrot une corde A bientôt En enfer au paradis ou au bistrot Salue Manu Pierrot Et Angelo Dis-leur bien que l'amitié ça tient chaud Tu ris tu pleures tu vis Pis tu meurs Trois p'tits tours et pis s'en vont les p'tits malheurs Tu ris tu pleures tu vis Pis tu meurs
Olé les belles étrangères à étrangler Fichus Souleiados robes de chez Lacroix Les pétasses au soleil des longs étés framboises Posent leur cul bronzés qu'un con honorera Sur la pierre fatiguée des arènes nîmoises Et puis pour une flotte en ballerines noires Qui arrose bientôt le sable d'un sang bovin Se pâment sur l'épaule de leur mac d'un soir Et mouillent la soie fine de leurs dessous coquins Olé les belles étrangères à étrangler Les yeux plantés profond dans ceux du matador Descendant quelquefois vers le membre latin Serti comme une pierre dans le satin et l'or Elles rougissent un peu et pensent "quel engin" Puis elles vont pieds nus dans leurs fragiles blouses Par les ruelles chaudes quand la ville s'embrase S'imaginent gitanes provençales andalouses Toutes sont parisiennes pire encore niçoises Olé les belles étrangères à étrangler Les pétasses finissent dans quelque bodéga Ecoutant Gipsy King dansant et criant fort Avant d'aller vomir toute leur sangria Enfin dans le rétro poussiéreux D'un camion des poubelles à l'aurore Se remaquillent un peu
Boule de gomme et p'tit mystère Je m'demande si y'a d'quoi faire Une chanson Du parfum d'Amsterdamer Qui sortait d'la pipe en terre Du tonton De mes bobos sur les coudes Du bruit d'la machine à coudre Dans l'salon Pis du gros chagrin surtout De ma p'tite frangine qui boude Pour de bon Mais la nostalgie tu sais Autour de quarante balais Quand ça t'chope Ca t'donne envie d'te r'tourner Sur toutes ces journées ratées Sans tes potes Ca t'donne envie d'retrouver Et tes billes et tes cahiers Et ta gomme Et d'pardonner à ta mère D'avoir jamais bien sur faire La tarte aux pommes Les dimanches à la con De quand j'avais disons Dix ans Me reviennent souvent Pas toujours mais mettons Tout l'temps 'Vec les frangins on s'luttait On s'balançait des coups d'pied Sous la table Pour avoir l'blanc de poulet Que la mère nous découpait Equitable Pis on f'sait dans nos assiettes Avec la purée toute bête Au milieu Des p'tits volcans super chouettes Qui mettaient dans nos p'tites têtes Du ciel bleu Boule de gomme et p'tit mystère Je m'demande si y'a d'quoi faire Trois couplets De ces journées sans lumières Des gâteaux d'anniversaires Partagés De ces bouteilles de clairette Qu'on détestait en cachette Pis d'l'angoisse De ces heures devant la f'nêtre A regarder une bicyclette Juste en face Les dimanches à la con De quand j'avais disons Dix ans Me reviennent souvent Pas toujours mais mettons Tout l'temps Les dimanches à la con D'mes automnes monotones D'enfant Faisaient d'moi un santon Sur le tapis du salon Y'a cent ans Dans cet ennui accepté Les après-midis passaient En silence Quand les lumières s'allumaient C'est toute la nuit qui tombait Sur l'enfance Ca sentait déjà l'école Les cartables les tubes de colle Du lend'main On priait pour que coup d'bol On s'réveille avec une rougeole Au matin Les dimanches à la con De quand j'avais disons Dix ans Me reviennent souvent Pas toujours mais mettons Tout l'temps Les dimanches à la con D'mes automnes monotones D'enfant Faisaient d'moi un santon Sur le tapis du salon Y'a cent ans
En cherchant les clés d'l'auto J'ai fouillé comme un salaud Dans ton sac J'ai mis un sacré boxon J'ai tout chamboulé dans ton Bric-à-brac C'est pas des plus élégants Ca r'ssemble à un mauvais plan Une arnaque J'voulais connaître tes secrets Au risque de me manger Quelques claques J'ai découvert des trésors Qui m'ont fait t'aimer encore Un peu plus J'suis resté émerveillé D'vant un beau carnet d'tickets D'autobus Un mouchoir tout bien plié Qui t'a jamais vu pleurer Ou si peu P't'être que j'suis si mauvais mec Qu'j'ai rendu ton coeur tout sec Pis tes yeux J't'ai piqué un Stimorol Ca a un vieux goût d'pétrole Mais c'est good J'aime bien ça les bonbons bleus Pis ça change du vert pisseux D'Hollywood Mais j'ai pas touché tes clopes Tes Rothmans je les boycotte Sauvagement Le tabac sud-africain Ca pollue aussi les mains J'me comprends En farfouillant de plus belle Dans ton délicieux bordel J'ai trouvé Accroché 'vec un trombonne Une petite carte un téléphone Griffonné J'ai failli app'ler pour voir Si j'tombais sur un grand noir Culturiste J'ai pas osé j'ai eu peur De déranger ton coiffeur Ton dentiste Ben voyons tu t'emmerdes pas C'est toi qu'as cette photo-là Je l'adore C'est la seule que j'ai pris d'nous trois 'Vec mon chien qu'était à moi Pis qu'est mort J'pouvais la chercher longtemps Planquée sous ta paire de gants Au milieu D'tes crayons à maquillage D'ta collec' de coquillages Merveilleux Ton agenda Filofax Il a dû t'coûter un max Je rigole Tes copines ont toutes le même Mais il est joli quand même Ma parole V'là ton beau stylo doré S'appelle "Reviens" j'le connais Pis pas loin Une souris blanche égarée Pour les s'maines d'amour férié Tatatsin Faire le sac des dames c'est moche Si tu veux tu m'fais les poches Pour t'venger Mais t'y trouv'ras presque rien L'plus souvent y'a qu'mes deux poings Bien serrés Si j'les ouvre y'a tout l'amour Que j'ai pour toi d'puis toujours Qui s'envole Alors je les garde bien fermés Comme ça j'garde aussi les clés D'la bagnole
Et dire que chaque fois que nous votions pour eux Nous faisions taire en nous ce cri "Ni Dieu ni maître" Dont ils rient aujourd'hui puisqu'ils se sont fait dieux Et qu'une fois de plus nous nous sommes fait mettre
J'ai voulu planter un oranger Là où la chanson n'en verra jamais Là où les arbres n'onnt jamis donné Que des grenades dégoupillées Jusqu'à Derry ma bien aimée Sur mon bateau j'ai navigué J'ai dit aux hommes qui se battaient Je viens planter un oranger Buvons un verre, allons pêcher Pas une guerre ne pourra durer Lorsque la bière et l'amitié Et la musique nous feront chanter Tuez vos dieux à tout jamais Sous aucune croix l'amour ne se plaît Ce sont les hommes pas les curés Qui font pousser les orangers Je voulais planter un oranger Là ou la chanson n'en verra jamais Il a fleuri et il a donné Les fruits sucrés de la liberté
Cinq cents connards sur la ligne de départ Cinq cents blaireaux sur leur moto Ca fait un max de blairs Aux portes du désert Un paquet d'enfoirés Au vent du Ténéré Le rallye mécanique Des Mad Max de bazar A r'commencé son cirque Au soleil de janvier Vont traverser l'Afrique Avec le pied dans l'phare Dégueulasser les pistes Et revenir bronzés Ravis de cet obscène Et pitoyable jeu Belle aventure humaine Selon les journaleux Cinq cents connards sur la ligne de départ Cinq cents couillons dans leur camion Ca fait un max de blairs Aux portes du désert Un paquet d'enfoirés Au vent du Ténéré Passe la caravane Et les chiens n'aboient plus Sous les roues des bécanes Y'a du sang répandu C'lui des quelques sauvages Qui ont voulu traverser Les rues de leur village Quand vous êtes passés Comme des petits Rommel Tout de cuir et d'acier Crachant vos décibels Aux enfants décimés Cinq cents connards sur la ligne de départ Cinq cents guignols dans leur bagnole Ca fait un max de blairs Aux portes du désert Un paquet d'enfoirés Au vent du Ténéré Combien d'années encore Ces crétins bariolés F'ront leur terrain de sport D'un continent entier Combien d'annés enfin Ces boeufs sponsorisés Prendront l'sol africain Pour une cour de récré Dans leurs joutes odieuses Les bonbons bien au chand Au fond de leurs délicieuses Combinaisons fluo Cinq cents connards sur la ligne de départ Cinq cents blaireaux sur leur moto Ca fait un max de blairs Aux portes du désert Un paquet d'enfoirés Au vent du Ténéré
Bonhomme qui va austère Au milieu des landes des bruyères Silhouette insolite Bloc de granit Tonton foule la terre Lentement Comme le temps Le temps qui pourtant emporte Les idées les hommes et les amours mortes Le temps qu'il lui reste Dans la même veste Avant de n'être plus Qu'une statue Un nom de rue Il a son beau chapeau Il a son long manteau Il a son chien le brave Le gros qui bave Il a le regard des sages Il est la force tranquille sereine Il est comme un grand chêne Il sait la futilité De toute chose La douceur et La fragilité des roses Bonhomme qui va austère Au milieu des landes des bruyères Silhouette insolite Bloc de granit Tonton foule la terre En sifflottant Comme le vent Le vent qui pourtant emporte Son joli chapeau que le chien rapporte Il est plein de bave Ce n'est pas bien grave Un chapeau ça se lave Mais ça fait sale Et Tonton râle Tonton est en colère Tout va de travers L'Histoire la gloire tout foire Parc'que ce soir Le vieil homme a c'est dur Un caillou dans sa chaussure Un vieux rhume qui dure Et puis cette nuit misère Il a rêvé Qu'un beau jour La gauche revenait Tonton s'en va A petits pas
Quand elle est montée sur ma mouche Je l'ai derrée comme une salaud Mais je l'ai embrassée sur la bouche Avant de la remettre à l'eau Ma jolie farouche Retourne vite te cacher Sous un caillou sous une souche Pour vivre libre vis planquée Tu viens d'échapper à la mort Te crois pas pour autant sauvée Chaque fois que revient l'aurore C'est la vie le vrai danger C'est un jeu cruel Mais c'est la vie ma jolie condamnée C'est parc'que tu es belle Parc'que je t'aime que je suis sans pitié C'est un jeu cruel Mais c'est la vie pour l'éternité C'est parc'que tu es belle Parc'que je t'aime qu'un jour je te tuerai Quand tu t'es pendue à mon cou Je t'ai ferrée comme un salaud Je t'ai embrassée partout Mais je t'ai gardée tout contre ma peau Joli coeur et joli bouche Tu peux toujours te planquer Sous un caillou sous une souche Je t'ai pris ta liberté C'est un jeu cruel Mais c'est l'amour ma jolie ma sucrée J'ai coupé tes ailes Lorsque je t'ai prise dans mes filets C'est un jeu cruel Mais c'est l'amour pour l'éternité C'est parc'que tu est belle Parc'que je t'aime que je t'aime enchaînée
Marche près de moi Va pas t'éloigner Attention Lola Les rues sont piégées Tâche ma colombe De pas mettre un pied Sur les lignes sombres Entre les pavés Sinon c'est l'enfer Archi assuré Sinon c'est la galère Pour l'éternité C'est pas des histoires C'est pas du pipeau Fais gaffe à l'abîme Près du caniveau Y'a que les enfants Qui savent éviter Ces sacrées rayures Qui nous font tomber Tu sais que les grands Ceux qu'on s'ra jamais Suivent leurs chaussures Sans rien regarder Nous piétineraient même Tranquilles pour un peu Tout ça parce qu'on s'aime Qu'on vit pas comme eux C'est pas des histoires C'est pas du pipeau Fais gaffe aux adultes A leurs godillots N'ouvre pas la porte Y'a sûr'men un loup Faudrait pas qu'y sorte Du fond de son trou Pourrait bien la bête Nous bouffer tout cru En voyant nos têtes A nous qui avons cru Si souvent le soir L'entendre hurler Au bout du couloir Ou sous l'escalier C'est pas des histoires C'est pas du pipeau Fais gaffe à ses griffes Evite ses crocs Y'a que les enfants Qui savent aimer Les loups noirs ou blancs Qui nous font trembler Tu sais que les grands Ceux qu'on s'ra jamais Méprisent souvent Les chiens sans collier Leur préférant même Les agneaux pour peu Qu'ils plient sous les chaînes Et bêlent comme eux C'est pas des histoires C'est pas du pipeau Fais gaffe à jamais Suivre les troupeaux
Mon disque était terminé Y m'restait trois quatre chansons Qu'j'voulais pas foutre au panier Qu'étaient vraiment trop canon 'Lors je m'suis dit rebelote Une fois de plus j'vais essayer De les r'fourguer à des potes Des fois qu'eux y s'raient plantés 'Lors j'ai rencontré Souchon Devant l'école maternelle Y finissait son biberon En jouant à la marelle C'était sa nouvelle façon D'aller à cloche-pied au ciel J'lui ai dit excuse-moi La Souche J'ai une chanson très mignonne Qu'tu peux chanter sous ta douche Ou devant beaucoup d'personnes C'est l'histoire du P'tit Toto Sur le pont du Titanic Il a perdu son cerceau Son pauvr' petit coeur panique Alors y s'jette à l'eau Et y meurt un peu noyé Mais à la fin manque de pot Cui qui dit c'est çui qui y est Qu'est-ce 't'en penses de ma chanson ? Tu la veux pas ah bon C'est pas grave j'vais aller voir Un chanteur de rock un noir 'Lors j'ai filé au Québec Pour rencontrer Roch Voisine J'l'ai trouvé tellement beau mec Que j'ai pris trois aspirines Ma maman avait raison J'aurais dû me faire bûcheron J'lui ai dit 'vec un grand sourire Ecoute un peu ça calice Ma chanson elle est pas pire Elle s'appelle "Je l'aime en crisse" C'est l'histoire un peu niaiseuse D'un maudit bum de Montréal Y rencontre une shampouineuse Un soir sur le mont Royal Quand elle voit sa Camaro Elle tombe vraiment en amour Quand y vout ses gosses le salaud Il l'abandonne dans la neige Qu'est-ce 't'en penses de ma chanson ? Tu la veux pas ah bon C'est pas grave j'vais aller voir Un chanteur de blues un noir 'Lors j'ai filé un rencard A Goldman dans un milk-bar Je l'ai r'trouvé dans l'frigo En train d'convaincre un esquimau Qu'y faut aimer son bâton Qu'la vie n'est qu'un long glaçon Ma chanson est bonne bonne Elle chante la différence Entre la poire et la pomme Entre le bol et la chance Car tout ce qui nous divise Nous rapproche et nous éloigne De tout ce que j'empoigne Sur les miettes du balcon Où je vois trimer le bonne Quand sont passés les pigeons Qui souillent mes géraniums Qu'est-ce 't'en pense de ma chanson ? Tu la veux pas ah bon C'est pas grave j'vais aller voir Un chanteur de jazz un noir Manque de bol y m'restait plus Qu'une chanson vraiment craignos Je tombe sur un trou du cul Que rev'nait de Roland-Garros Une espèce de tête pleine d'eau Robinet derrière la nuque J'ui ai dit excuse-moi mecton Tu voudrais pas faire chanteur ? T'est largement assez con Et t'est beau comme un docteur J'ai une chanson qui s'appelle "Elle f'sait du vélo sans selle" On l'enregistre dès ce soir Et demain t'es une rock-star On a fait effectiv'ment Numéro Un tout l'été Et c'était tell'ment navrant Que Libé a adoré Alors pour le remercier Je m'suis abonné pas con J'ai toujours besoin d'papier Pour emballer mes poissons
Tant qu'il y aura des ombres Des truites et des vandoises Croule la terre craque le monde Nous irons dans les eaux turquoises Les rivières profondes Du matin clair au soir qui tombe Quand le ciel soudain s'embrase Nous sommes et resterons bon nombre A guetter la bête sournoise Et ses reflets d'argent dans l'ombre Tant qu'il y aura des ombres Nous les deux pieds dans la vase Oublierons pour quelques secondes Qu'il ne changera jamais de base C'est abominable monde Avant la grande hécatombe Avant qu'on ne nous écrase Sous une averse de bombes Qui noiera ce monde nase Nous les chevaliers de l'onde Garderons le coeur turquoise Tant qu'il y aura des ombres Des truites et des vandoises...