Comme y'a eu Gainsbourg et Gainsbarre Y'a le Renaud et le Renard, Le Renaud ne boit que de l'eau Le Renard carbure au Ricard, Un côté blanc, un côté noir Personne n'est tout moche ou tout beau, Moitié ange et moitié salaud Et c'est ce que nous allons voir. Docteur Renaud, Mister Renard Renard est un sacré soiffard Renaud est sobre comme un moineau, Quand Renaud rejoint son plumard Renard s'écroule dans l'caniveau Renaud se méfie des pétards Et du chichon qui rend idiot Renard se les roule peinard Pour s'exploser le ciboulot Docteur Renaud, Mister Renard Renaud s'efforce, c'est son boulot D'écrire de jolies histoires Pour séduire les gens, les marmots Pour amuser pour émouvoir A la pointe de son stylo Le Renard n'a que des gros mots La parano et le cafard N'lui inspirent que des idées noires Docteur Renaud, Mister Renard Renaud souffre de tous les maux Qui accablent ce monde barbare Il porte les croix sur son dos Des injustices les plus notoires Renard désabusé, se marre Se contrefout de ce bazar Le monde peut crever bientôt Renard s'en réjouirait plutôt Docteur Renaud, Mister Renard Renaud a choisi la guitare Et la poésie et les mots Comme des armes un peu dérisoires Pour fustiger tous les blaireaux Renard, c'est son côté anar Crache sur tous les idéaux Se moque du tiers comme du quart Des engagements les plus beaux Docteur Renaud, Mister Renard Renaud mérite les bravos Car en amour et c'est sa gloire Il est tendre comme un agneau Pour une seule et même histoire Renard se frotte à toutes les peaux A que des aventures d'un soir Avec des canons, des cageots Renard s'rait-il un brin vicelard ? Docteur Renaud, Mister Renard C'est à cause du désespoir Qui tombe à 50 ans bientôt Que le Renard, tôt ou tard Prendra le dessus sur Renaud Aujourd'hui son amour se barre Son bel amour, sa Domino Elle quitte le vilain Renard Mais aimera toujours Renaud Docteur Renaud, Mister Renard
T'as quitté ta province coincée Sous les insultes, les quolibets Le mépris des gens du quartier Et de tes parents effondrés A quinze ans quand tu as découvert Ce penchant paraît-il pervers Que tu l'as annoncé à ta mère J'imagine bien la galère Petit pédé T'aurais été noir pas de lézards Besoin d' l'annoncer à personne Mais c'est franchement une autre histoire Que d'avouer j'aime les hommes C'est pas d' ta faute, c'est la nature Comme l'a si bien dit Aznavour Que c'est quand même sacrement dur A l'âge des premières amours Petit pédé Toute sa vie à faire semblant D'être normal comme disent les gens Jouer les machos à tout bout de champ Pour garder ton secret d'enfant Dans le p'tit bled d'où tu viens Les gens te traitaient pire qu'un chien Il fait pas bon être pédé Quand t'es entouré d'enculés Petit pédé A Paris tu as débarqué Dans les back-room du Marais Dans ce ghetto un peu branché Tu as commencé à t'assumer Pour tous les homos des bars gays Tu étais un enfant perdu Tu as été bien vite adopté Même si c'était pour ton cul Petit pédé Tu t'es laissé aller parfois A niquer plus que de raison C'est ta liberté, c'est ton droit T'as heureusement fais attention Tu t'es protégé de ce mal Qui a emporté tant de tes potes Face à ce virus infernal Tusortais jamais sans capotes Petit pédé Bientôt tu trouveras un mec Un moustachu ou un gentil Alors tu te maqueras avec Pour quelques jours ou pour la vie Rêverez peut-être d'un enfant Y en a plein les orphelinats Sauf que pour vous papa, maman C'est juste interdit par la loi Petit pédé Tu seras malheureux parfois La vie c'est pas toujours le pied Moi qui ne suis pas comme toi Le malheur j'ai déjà donné Qu'on soit tarlouze ou hétéro C'est finalement le même topo Seul l'amour guérit tous les maux Je te le souhaite et au plus tôt Petit pédé Petit pédé
Loin des projos, loin des télés Et des animateurs blaireaux Tous ces crétins dégénérés Fringués, coiffés comme des proxos Loin des journaux et des radios Des interviews conformistes Par des zombies mongolitos Un peu nazes, souvent fumistes Loin des questions parfois obscènes Ridicules ou bien vicelardes Des nullos de la bande FM Rois de la musique ringarde Pour vivre heureux, je vis caché Au fond de mon bistrot peinard Dans la lumière tamisée Loin de ce monde de bavards Loin des boîtes, des fêtes branchées De la jet-set et du showbizz Des pétasses cocaïnées Et des bellâtres à la dérive Loin des premières où tout Paris Vient poser sans aucun scrupule Pour quelques pauvres paparazzi Qui aiment mitrailler les nuls Loin des cocktails, dîners Des mondanités imbéciles Entre starlettes d'un seul été Au QI frisant le débile Pour vivre heureux, je vis caché Au fond de mon bistrot peinard Avec mes potes, des vrais de vrais Loin de ce monde de fêtards Loin des meetings, des réunions Des manifestations de rues J'écoute la colère qui fond Sur nos dirigeants corrompus Mais bouger mon cul, m'engager C'est pas demain que vous m'y reprendrez A part peut-être José Bové Qui pourrais-je jamais aimer ? Je rêve d'un monde plus humain Et je laisse parler ce brave Les pétitions c'est plutôt bien Mais vous n'y verrez plus mon blaze Pour vivre heureux, je vis caché Au fond de mon bistrot peinard Taciturne, désabusé Loin de ce monde de barbares Loin des conversations minables Sur les charmes surfabriqués De quelques ados improbables Dans un loft télévisé Très loin des stars académiques Et des popstars de mes deux Qui sont un peu à la musique Ce que le diable est au bon dieu J'irai pas prendre quelques bâtons Pour servir la soupe à ces branques Les télés vous prennent pour des cons J'irai pas chanter pour ces glands Pour vivre heureux, je vis caché Au fond de mon bistrot peinard Dans la lumière tamisée Loin de ce monde de ringards Pour vivre heureux, je vis caché Au fond de mon bistrot peinard Dans la lumière tamisée Loin de ce monde de ringards De ringards
La liberté c'est l'enfer Quand elle tombe sur un cur prisonnier Enchaîné comme aux galères Au cur de son âme sur, de sa moitié Les chaînes se sont brisées Et mon cur n'appartient plus à personne A quarante ans bien sonnés J'ai peur qu'il ne soit perdu à jamais Cur à prendre, pas à vendre, à donner Un peu naze, un peu d'occase, un peu cassé Cur en miettes, en détresse, en compote En morceaux, en lambeaux, au fond des bottes Il a aimé bien longtemps La plus belle de tous les temps Il a chanté, L'a battu pendant vingt ans Pour un amour à présent Envolé Il a eu plus que d'aucuns Du bonheur au quotidien Chaque seconde Il a pleuré en silence Pour l'éternelle souffrance De ce monde Cur à prendre, pas à vendre, à donner Un peu naze, un peu d'occase, un peu cassé Cur en miettes, en détresse, en compote En morceaux, en lambeaux, au fond des bottes Qui voudra bien ramasser Ce petit cur abandonné, à la casse C'est pas un cadeau ma belle Il est plein d'idées rebelles Mais hélas, il aura du mal un jour A croire encore à l'amour Si tu veux Je t'offre ce cur perdu Qui n'aimera jamais plus Ou si peu Refrain (2 fois)
Petit Portoricain, bien intégré quasiment New-yorkais Dans mon building tout de verre et d'acier, Je prends mon job, un rail de coke, un café, Petite fille Afghane, de l'autre côté de la terre, Jamais entendu parler de Manhattan, Mon quotidien c'est la misère et la guerre Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant, Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle Un 747, s'est explosé dans mes fenêtres, Mon ciel si bleu est devenu orage, Lorsque les bombes ont rasé mon village Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant, Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle So long, adieu mon rêve américain, Moi, plus jamais esclave des chiens Ils t'imposait l'islam des tyrans Ceux-là ont-ils jamais lu le Coran ? Suis redev'nu poussière, Je s'rai pas maître de l'univers, Ce pays que j'aimais tell'ment serait-il Finalement colosse aux pieds d'argile ? Les dieux, les religions, Les guerres de civilisation, Les armes, les drapeaux, les patries, les nations, Font toujours de nous de la chair à canon Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant, Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle Deux étrangers au bout du monde, si différents Deux inconnus, deux anonymes, mais pourtant, Pulvérisés, sur l'autel, de la violence éternelle
T'as vu Lolita, Ta pote Marylou, Qu'a quinze ans comme toi, Qu'j'ai connue bout de chou, T'as vu comme elle a changé tout d'un coup ? Eh ben, ma doudou, Elle a vu le loup. J'vais pas lui r'procher, Eh, c'est pas un crime, A peine un péché, Et des plus minimes. D'après sa copine, Qui l'a balancée, C'est à la mi-août Qu'elle a vu le loup. C'est plus pour la frime Que pour le frisson Qu'un soir de déprime Un gentil couillon A eu le grand bonheur De gagner l'pompon, De cueillir sa fleur Avant la saison. Hormis la jouissance D'emmerder ses vieux, Y avait pas urgence, Y avait pas le feu, D'autant qu'la romance A duré bien peu. Elle a vu le loup Deux minutes en tout. Pour la performance, Et puis pour l'extase, La pauvre est, malchance, Tombée sur un naze, Vilain comme un pou, Maladroit comme tout. Elle a vu le loup, Il vaut pas un clou. Elle a vu le loup, Tant mieux ou tant pis, C'était pas un bon coup, Ni un bon parti. J'lui jette pas la pierre, J'crée pas une émeute. Y paraît qu'sa mère A vu toute la meute. Quant à toi, ma fille, Ma jolie pucelle, Suce encore ton pouce, Joue à la marelle. C'qu'a fait Marylou, Eh ben, tu t'en fous. Elle a vu le loup, C'était un voyou ! Mais j'espère, ma douce, Que quand viendra l'heure De prendre cette Bastille Sous ta robe à fleurs, Le loup aura l'heur De te plaire autant Pour son joli cur Que pour ses talents. S'il est, ce beau jour, Doux comme un agneau, Donne lui ton amour En paquet-cadeau, En plus du diamant Que tu gardes encore, Mais combien de temps ? Au creux de ton corps
J'ai arrêté la mer, refourgué mon bateau Vécu trop de galères dans des pays trop chauds Je me suis échoué dans un bar à matelots Rue de la Soif, aux remparts de Saint Malot Tout arrêter Terminé Fini l'aventure, le vent salé Le voyageur est fatigué Mais jamais je n'arrêterai de t'aimer J'ai arrêté la mob, le roller, le vélo Au volant de leurs bagnoles y a bien trop de blaireaux Suis redevenu piéton Où mes pas aussitôt M'ont conduit sans encombre jusqu'au premier bistrot Tout arrêter Terminé Je quitte le chemin des écoliers Le patineur est fatigué Mais jamais je n'arrêterai de t'aimer J'ai arrêté un jour d'exercer mon boulot Renoncé à parler aux journaleux idiots J'ai rangé ma guitare et coupé mon micro Arrêté la musique et arrêté les mots Tout arrêter Terminé Fini les chansonnettes, ma voix enfumée Le troubadour est fatigué Mais jamais je n'arrêterai de t'aimer J'ai arrêté de croire en tous les idéaux Arrêté de donner mon obole aux restos Je n'ouvre plus mon cur qu'à mes potes au bistrot Et à mon bel amour qui me quitte bientôt Tout arrêter, Terminé Finis les utopies, les rêves brisés L'coeur d'artichaut est fatigué Mais jamais je n'arrêt'rais de t'aimer Jamais je n'arrêt'rais de t'aimer Jamais je n'arrêt'rais de t'aimer
Ils ont peut-être eu peur que je pisse Sur le marbre du bénitier Ou pire que je m'accroupisse Devant l'autel immaculé Peur que je ne lève la patte Quelque part dans les allées Où siège cette foule ingrate Qui nous parle d'humanité Ils ont considéré peut-être Que c'est un amour pas très catholique Que celui d'un chien pour son maître Alors, ils m'ont privé de cantiques Un jour pourtant je le sais bien Dieu reconnaîtra les chiens Me voilà devant la chapelle Sous cette pluie qui m'indiffère Tenu en laisse par un fidèle Allergique aux lieux de prières Les gens parlent à côté de moi Tu as de la chance toi au moins La souffrance ne t'atteint pas L'émotion c'est pour les humains Et dire que ça se veut chrétien Et ça ne comprend même pas Que l'amour dans le cur d'un chien C'est le plus grand amour qu'il soit Un jour pourtant je le sais bien Dieu reconnaîtra les chiens Je pourrais vivre dans la rue Etre bourré de coups de pieds Manger beaucoup moins que mon dû Dormir sur le pavé mouillé En échange d'une caresse De temps en temps d'un bout de pain Je donne toute ma tendresse Pour l'éternité ou plus loin Prévenez-moi lorsque quelqu'un Aimera un homme comme moi Comme j'ai aimé cet humain Que je pleure tout autant que toi Un jour pourtant je le sais bien Dieu reconnaîtra les chiens Un jour pourtant je le sais bien Dieu reconnaîtra les chiens
Victime d'attentats pâtissiers Ah! Qu'est-ce qu'il nous a fait marrer Le philosophe des beaux quartiers La chemise blanche en décolleté La suffisance est son métier Mais putain c'qu'on a rigolé Quand il a voulu s'révolter Avec ses petits poings crispés L'entarté Dix fois, vingt fois fut humilié Par de la simple crème fouettée Et espère s'en relever J'ai peur que ce soit mal barré L'entarteur nous a bien vengé De ce Jean-Paul Sartre dévalué Qui vient nous pondre à la télé Ses vieux discours bien éculés L'entarté L'idole de Saint-Germain-des-Près Bien qu'il écrive avec ses pieds A la prétention insensée De nous dire ce qu'il faut penser Au Flore, Aux Deux Magots, planté Devant une coupé millésimée Il refait le monde, persuadé D'avoir un rôle à y jouer L'entarté Il s'est essayé au ciné La France entière a rigolé Lorsque les salles n'ont pas été Au milieu du film désertées En Bosnie il a bien tenté D'jouer les héros, les Hemingway Reporter de guerre embusqué L'entartage, oui, pas les mortiers L'entarté La mère Beauvoir pour fiancée C'aurait bien plu à l'entarté Mais il semble qu'il se soit maqué 'Vec une petite bien mieux roulée Poupée Barbie bien allumée Mais non, j'ai pas dit déjantée Malgré ses ch'veux peroxydés L'est plus sympa que son Simplet L'entarté J'veux des entarteurs par milliers J'vais moi-même apprendre le métier Y'en a bientôt qui vont trinquer C'est pas les cibles qui vont manquer Oublions ce pauvre B.H.V. L'a suffisamment dérouillé Y'a d'autres pédants à s'occuper Que c'pauvre garçon trop bien coiffé Et surtout longue vie à Le Gloupier !
On reconnait le bonheur paraît-il Au bruit qu'il fait quand il s'en va C'était pas l' dernier des imbéciles Celui qu'a dit ça Le mien s'en est allé hier Après vingt berges de sous mon toit Ca a fait un boucan d'enfer Je ne supporte pas Ca fait croire un peu qu' les proverbes Disent pas toujours n'importe quoi Adieu l'amour, bonjour la merde Qui tombe sur moi C'était pas un petit bonheur pépère D'épicerie ou de bar tabac C'était un bonheur grand comme la terre Même plus grand que ça Grand comme tous les volcans d'Auvergne Comme un palais de Maharaja Comme le trésor dans la caverne d'Ali-Baba P't'être qu'il était devenu fragile P't'être qu'il était trop grand pour moi Peu importe, toujours est-il Je l'voyais pas Mon amour a claqué la porte Mais j'étais pas du bon côté Là, pareil à une feuille morte Sur le pavé J'ai beau chercher auprès des potes Le réconfort de l'amitié Les pauvres, z'en auront plein les bottes De m'voir pleurer Parce que dans ces cas là mon pote Tu te fous de la dignité Quand tu sais que tes amours sont mortes A tout jamais On reconnait le bonheur parait-il Au bruit qu'il fait quand il s'en va C'était pas le dernier des imbéciles Celui qu'a dit ça Le bonheur s'est cru devoir partir Après vingt berges de sous mon toit Je n'ai plus qu'une envie, c'est mourir Mais ça s'fait pas Mon coeur ressemble à Tchernobyl Et ma vie à Hiroshima Pourtant y'a bien pire que mourir Y'a vivre sans toi.
Déjà que j'avais pas grand chose Dans ma petite vie pas toujours rose Dans mon petit pavillon de banlieue Oublié des hommes et de Dieu Entre ma petite femme et mon chien J'avais que la télé et puis rien A peine un petit carré de pelouse D'un mètre vingt trois sur un mètre douze Où il trônait comme un pacha Mon petit Simplet qui n'est plus là Si je tenais l'enfant de gredin Qui m'a volé mon nain de jardin Je lui ferais passer le goût du pain Je lui ferais passer le goût du pain C'était un vrai petit nain de Blanche-Neige Pantalon rouge et polo beige Pas une saloperie en plastique La plus jolie des céramiques Mettait du soleil sur ma pelouse Toutes les fleurs en étaient jalouses Il tenait compagnie aux oiseaux Putain de Dieu, qu'il était beau Avec son petit bonnet pointu C'était le plus joli de la rue Refrain Si on me demande une rançon pour lui Je filerais deux mois de mon R.M.I. Je veux plus voir mon jardin tout nu Je veux revoir le sourire ingénu De mon petit nain Qui mine de rien Se retrouve aujourd'hui orphelin On m'a taxé ma seule richesse Et je réalise avec tristesse Que les voleurs c'est malheureux Volent toujours à plus pauvres qu'eux Refrain (3 fois)
Un petit couple d'amoureux Dans un bistrot de banlieue Assis sur la banquette Se roule des pelles à qui mieux-mieux Les prolos silencieux Observent la conquête Moi je suis accoudé au bar Et je rigole à part En matant le tableau Je les vois vingt ans plus tard Et ça me fout un cafard A couper au couteau C'est tout jeune et ça ne sait pas Que pour les amoureux Hélas La vie est bien dégueulasse Un beau jour les filles se cassent Et voilà Un petit couple d'amoureux Se regarde dans les yeux Et parle d'avenir D'une vie en rose et bleu Que des moments heureux De la joie, du plaisir Moi je pense à la jalousie A la haine, à l'ennui Qui s'installent chaque jour Je pense à la vie quotidienne Je pense au poids des chaînes Qui détruisent l'amour C'est tout jeune et ça ne sait pas Que pour les amoureux Hélas La vie est bien dégueulasse Un beau jour l'amour se lasse C'est comme ça Un petit couple d'amoureux Qui ferait peut-être mieux D'en finir tout de suite Quelques ébats délicieux Pour trois jours, puis adieu On s'aime et on se quitte Pourquoi vouloir à tout prix Vivre toute une vie Dans la même galêre Le bonheur reste toujours L'affaire de quelques jours Pas d'une vie entière C'est tout jeune et ça ne sait pas Que pour les amoureux Hélas La vie est bien dégueulasse Un beau jour l'amour se casse Un beau jour l'amour se casse Comme toi
On se connaissait peu, je le croisais parfois Dans un bar parisien, à deux pas de chez moi Nous buvions quelques verres, jusque tard dans la nuit Etait-ce le chemin pour devenir amis ? Il m'expliquait sa terre, son peuple, son pays J'écoutais en silence, attendri Me parlait d'Ajaccio, de Calvi, de Bastia Des corrompus notoires, des élus, des mafias Et des encagoulés réunis au fond des bois Pour défier la justice et ce putain d'état Moi qui ai toujours aimé, tous les Robins des Bois Les peuples insoumis, j'aimais ça S'est fait buter un soir aux abords du maquis S'est fait flinguer, pourquoi et par quel ennemi ? Avait-il tué d'abord, pour être tué aussi ? Etait-il un rebelle, était-il un bandit ? Tu me manques ce soir, et je parle de toi A ta douce compagne qui pleure près de moi Les mots qu'elle ne dit pas, c'est la loi de l'Omerta De ce pays que j'aime quand il vit libre, épanoui Loin du bruit, de la fureur, des fusils.
Mon bistrot préféré quelque part dans les cieux M'accueille quelquefois aux jardins du Bon Dieu C'est un bistrot tranquille où il m'arrive de boire En compagnie de ceux qui peuplent ma mémoire Les jours de vague à l'âme ou les soirs de déprime Près de quelques artistes amoureux de la rime Je vide deux, trois verres en parlant de peinture D'amour, de chansonnettes et de littérature Il y a là bien sûr, des poètes le Prince Tirant sur sa bouffarde, l'ami Georges Brassens Il y a Brel aussi et Léo l'anarchiste Je revis avec eux une célèbre affiche Trenet vient nous chanter une folle complainte Cependant que Verlaine et Rimbaud à l'absinthe Se ruinent doucement en évoquant Villon Qui rôde près du bar et des mauvais garçons L'ami René Fallet me parle de ses touches Qui me font frissonner quand il pêche à la mouche Et du vin et des femmes et surtout des copains Qui font la vie plus belle, le désespoir plus loin Il y a Boris Vian, Maupassant et Bruant Ecoutant les histoires d'un Coluche hilarant Je m'assois avec eux pour quelques libations Entouré de Desproges, et Reiser, et Tonton Nous rigolons des cons avec Frédéric Dard Souvenirs de prison avec le vieux Boudard Audiard et puis Pagnol s'allument au Pernod Je lève mon verre à Robert Doisneau Gainsbourg est au piano jouant sa Javanaise Et nous chante l'amour qu'il appelle la baise Dewaere est là aussi dans un coin Et il trinque avec Bernard Dimey, avec Bobby Lapointe Assis autour du poêle il y a Jacques Rigaut, Franquin, Jean-Pierre Chabrol, Prévert et son mégot Nous parlons de suicide Maurice Ronet arrive La mort est quelquefois tout un art de vivre Mon bistrot préféré quelque part dans les cieux Je l'avoue, désolé manque de femme un peu Et les amis des potes qui le hantent toujours Savent aussi bien qu'elles ce que c'est que l'amour Ils sont bien plus vivants dans ma mémoire au moins Que la majorité de mes contemporains Si demain la faucheuse vient me prendre la main Pourvu qu'elle me conduise au bistrot des copains.